Silence, on bégaie!

Le silence.

Le silence avant que le réalisateur crie : ACTION!

On aime le silence. On apprécie le silence. On déguste le silence.

Le silence à l’église, au spa, au début d’une méditation.

Le silence quand tous les enfants dorment.

Le silence quand la hotte au-dessus de la cuisinière s’arrête (soupir)

Le silence réconfortant et enveloppant de la nature endormie.

Le silence que l’on retrouve après le chaos.

Mais pour la personne qui bégaie, le silence devient tout autre chose parfois.

Il peut être incommodant, angoissant ou, bien souvent, interminable.

– Bonjour, oui, puis-je prendre votre nom complet et votre numéro de téléphone svp?

– **SILENCE**

– Allô? Allô? Vous êtes là? 

– **Silence**

— Allô? Ça coupe madame! Je n’entends rien.

Ce silence où l’on sent l’impatience dans la voix de l’autre.

Ce silence où l’on voit l’inconfort dans les yeux de notre interlocuteur.

Ce silence qui arrive comme un invité surprise avec qui on a pas tant d’affinités finalement.

Il s’impose et prend toute la place. Il absorbe au passage notre confiance, notre orgueil et nous restitue le découragement.

Qu’est-ce-que cela prendrait pour que notre silence soit acceptable?

Le temps file et la vie va vite, je comprends, mais ma parole ne suit pas le groupe parfois.

Pensons positif alors!

Dans ce quotidien qui roule à toute allure, où tous les gens n’ont pas le temps de prendre le temps, eh bien, moi j’offre des silences.

C’est poétique quand même non?

Ce texte, écrit par Murielle Beauregard, a initialement paru dans l’édition de mars 2023 du Communiquer, la revue trimensuelle de l’ABC. Les membres de l’ABC reçoivent le Communiquer gratuitement par la poste. Les archives du Communiquer sont accessibles sur notre site Web. Pour contribuer à une édition du Communiquer, envoyez votre texte au info@abcbegaiement.com.

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